My Bloody Valentine au Métropolis : perfectionnisme et fidélité sonore

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Le chanteur Kevin Shields, du groupe My Bloody Valentine, en spectacle le 6 novembre 2013 à Montréal

My Bloody Valentine était au Métropolis de Montréal ce mercredi 6 novembre pour présenter m b v, paru le 2 février dernier. Les pièces de ce tout nouvel album, pourtant très réussi, ont toutefois été distillées au compte-gouttes à travers un spectacle qui a pris la tournure d’une rétrospective.

Pour nous réchauffer, le quatuor a donné dans l’easy listening de l’album Loveless, datant de 1991, puis enchaîné avec des pièces plus anciennes telles que l’excellente Cigarette in Your Bed, tirée d’un EP de 1988 et qui figure parmi mes préférées pour sa créativité rythmique tout en retenue.

La foule passablement amorphe a commencé à manifester son enthousiasme à mi-parcours avec Soon, une pièce dansante et hypnotique à la fois typique du shoegazing et des folles années Madchester.

La fidélité sonore (pour ne pas dire « très sonore ») a été au rendez-vous tout au long du spectacle, à tel point que l’on aurait juré entendre les albums studio. Harmonies vocales, dissonances et batterie mid tempo entrecoupée de roulements dignes de Slayer : tout était réglé au quart de tour.

Le perfectionnisme de la formation anglo-irlandaise est toutefois allé de pair avec une posture statique et très distante. Les musiciens de My Bloody Valentine seraient-ils snobs ou blasés? Pas nécessairement. En fait, les deux meneurs de scène (c’est-à-dire le compositeur, guitariste et chanteur Kevin Shields ainsi que la chanteuse et guitariste Bilinda Butcher) semblent souffrir d’une timidité excessive qui n’a d’égal que leur sensibilité à fleur de peau.

La seule interaction à laquelle nous avons eu droit a été le « Bonjour » du début, suivi d’un « We’ve got some technical issues » (un mauvais branchement qui a interrompu la bonne marche du spectacle pendant dix secondes), et « This is our last song », juste avant la pièce You Made Me Realize et son fameux mur du son de cinq minutes.

Cette distance a peut-être été accentuée par la prudence du Métropolis, qui a fait distribuer des bouchons d’oreilles à tous les spectateurs. Si My Bloody Valentine a la réputation de jouer à plein volume, c’est sans doute à cause de la saturation de ses pièces. En toute franchise, il nous semble avoir assisté à des spectacles rock bien plus tonitruants que celui auquel nous avons assisté hier. Pour accueillir ce groupe mythique, deux options étaient possibles : rester à proximité des hauts-parleurs en gardant les bouchons (de manière à sentir les vibrations sans perdre l’ouïe) ou rester à une certaine distance et retirer les bouchons (de manière à apprécier la totalité des fréquences et partir dans un long voyage quasi-psychédélique). Enfin, il semble que la richesse harmonique de ce spectacle a échappé à certains spectateurs, quoique la plupart ont semblé l’apprécier à sa juste valeur.

Cette rarissime apparition de My Bloody Valentine était une présentation d’Evenko.