Les médailles des Jeux olympiques de Londres : desseins vectoriels

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La médaille d’or des Jeux Olympiques de Londres 2012

Le logo et les mascottes des Jeux olympiques de Londres ont été le sujet de toutes les railleries depuis leur lancement en 2007 et en 2010 respectivement. Leur esthétique fort discutable semble aller à contre-courant de toutes les conventions établies en matière de design. Toutefois, en termes de marketing 2.0, la provocation et l’audace peuvent entraîner un effet viral : « parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en ». Sous cet angle, on peut dire que le branding olympique a eu l’effet escompté.

Or une mini-controverse a éclaté dans la blogosphère au cours de l’année 2008 après qu’un dénommé Rik Clay ait vu dans le 2012 stylisé du logo un anagramme du mot ZiON. Qui plus est, ce jeune chercheur a souligné à juste titre que les rues entourant le site olympique avaient souvent une connotation biblique. Il n’en suffisait pas plus pour déclencher un torrent de spéculations sur l’utilisation des Jeux olympiques à titre de cérémonie occulte destinée à fonder la « Nouvelle Jérusalem », chère aux ultra-sionistes (les Reichmann, Rotshchild, conservateurs chrétiens, etc.)

Cette théorie a fait brièvement surface dans les médias de masse au début de 2011 lorsque l’Iran en a reconnu la validité. En outre, l’apparent suicide de Rik Clay, survenu en août 2008, donne un os supplémentaire à ronger aux théoriciens du complot.

L'horloge faisant le décompte avant le début des JO, dressée à la manière d'un mégalithe, en bordure de Trafalgar Square, sur l'alignement du Strand
L'horloge faisant le décompte avant le début des JO, dressée à la manière d'un mégalithe, en bordure de Trafalgar Square, sur l'alignement du Strand.

Des vecteurs d’énergie

Le symbolisme du logo ayant été étudié amplement dans Internet, cet article examinera plutôt l’aspect des médailles et leur possible signification.

Rik Clay avait remarqué que bon nombre de rues entourant le site olympique portaient le préfixe ou suffixe ley : Mabley Green, Adley Street, Leyton Road, etc. À juste titre, il fit le lien avec la théorie des ley lines – ces lignes de force d’origine naturelle ou artificielle, popularisée par Alfred Watkins au début du XXe siècle.

En poursuivant sur la même lancée, il devient intéressant alors d’examiner le symbolisme officiel des médailles de Londres 2012, dessinées par un certain David Watkins (aucun lien de parenté prouvé avec Alfred Watkins). Le 27 juillet 2011, le Guardian rapportait ceci :

The core emblem is an architectural expression, a metaphor for the modern city, or a geological metaphor as a tough crystalline growth which is deliberately jewel-like. The grid of lines, meanwhile, brings both a pulling together and sense of outreach on the design – an image of radiating energy that represents the athletes’ achievements and effort. [...] But what light could he shed on the square that encloses the jagged 2012 logo? "It’s an almost metaphysical square," explained [Watkins] to a suddenly rather quiet room.

Ainsi, le concepteur de la médaille évoque la géologie, les cristaux et les vecteurs d’énergie qui se dégagent du Parc olympique. Ce symbolisme est très nouvelâgeux, n’est-ce pas?

Le lendemain, le blogue culturel Londonist a publié un article intéressant, dans lequel une médaille est superposée au site Olympique en prenant comme point de référence spatial la Tamise (la boucle stylisée qui serpente à travers le logo).

J’ai librement recréé le schéma, en essayant cette fois de le mettre en relation avec une carte Google Earth créée précédemment afin d’illustrer les principaux alignements architecturaux de la ville de Londres (à télécharger ci-dessous). À noter que dans cet exercice, la position exacte de la Tamise était moins importante que le positionnement des vecteurs les uns par rapport aux autres.

Visualisation dans Google Earth

Vous êtes invité(e) à télécharger le fichier .kmz en pièce jointe ci-dessous, de manière à mieux visualiser les alignements et les points d’intérêt qui le composent. (Désactivez au préalable les frontières et lieux génériques proposés par Google Earth pour de meilleurs résultats, et activez les repères faisant partie du fichier.)

Fichier .kmz pour Google Earth

London Leylines.kmz

Les résultats sont particulièrement intéressants (fiez-vous aux petits points jaunes du diaporama pour voir ce dont il s’agit). Le stade olympique se situe à la pointe supérieure du triangle, tandis que l’inscription London correspond à l’amas de gratte-ciel qui constituent le cœur financier de Canary Wharf. Le coin supérieur gauche du « carré métaphysique » correspond au croisement entre deux leylines importants (Strand et Greenwich) sur Victoria Park. Le coin supérieur droit du carré correspond exactement au Boleyn Ground, le stade qui abrite l’équipe de football West Ham. La vénérable Tour de Londres (point blanc) se situe à la circonférence de la médaille.

Il est plus difficile de trouver de telles équivalences sur la rive Sud de la Tamise, quoique le tracé du carré passe très exactement sur l’Observatoire royal de Greenwich. Bref, un certain nombre de lieux hautement symboliques et très fréquentés se reflètent dans la géométrie des médailles.

La médaille des JO de Londres, avec transparence, en relation avec les alignements de sites de la ville de Londres
La médaille des JO de Londres, avec transparence, en relation avec les alignements de sites de la ville de Londres

Les mégalithes s’en mêlent

Or le plus étonnant est certainement le foisonnement de mégalithes implantés récemment dans les parcs de l’East End. Ces pierres géantes inspirées de Carnac ou Stonehenge, sagement alignées ou disposées en forme de cercle, sont répertoriées dans le blogue Ancient Hackney. Il est étonnant que le paysagement des parcs, jardins et terrains de jeux ait suivi cette ligne directrice durant une décennie, sans qu’aucun plan d’aménagement officiel n’en fasse mention.

Ceux qui sont familiers avec le fonctionnement de l’acupuncture, de l’acupression et de la réflexologie comprennent déjà le concept de méridiens d’énergie – ainsi que leur stimulation en des points précis au moyen d’aiguilles.

Par extension, serait-il possible de considérer les cercles de pierre de l’East End comme autant d’amplificateurs destinés à diffuser l’énergie du Parc olympique, ou bien faire converger certaines énergies vers celui-ci?

Le Parc olympique est un lieu où convergeront physiquement des milliers d’athlètes, de spectateurs et de journalistes. Il est destiné à capter l’énergie psychique de centaines de millions de téléspectateurs. Mais dans quel but cette énergie serait-elle amplifiée à l’aide de ley lines? Vers où serait-elle redirigée?

Il n’y a pas de réponse claire à ces questions.

Par contre, si le branding des Jeux de 2012 avait pour but de célébrer les origines millénaires des îles britanniques, on peut dire « mission accomplie ».