Le parc national de Gobustan

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Parc national de Gobustan – Rocher ressemblant au Sphinx

Situé à 65 kilomètres du centre-ville de Bakou, le parc national de Gobustan est l’un des sites naturels et archéologiques les plus étranges qu’il soit possible de visiter. À défaut d’être joli, le trajet depuis le centre-ville n’est pas sans intérêt non plus.

Considérant la distance à parcourir, notre hôtel (le Kempinski Badamdar) était stratégiquement situé à la limite sud de l’agglomération. À un kilomètre de sa devanture clinquante, l’on parvenait rapidement à l’esplanade des ministères, aux Flame Towers et au parc Dağüstü, avec sa vue spectaculaire sur la baie. Or cette fois, il fallait prendre l'autre direction et à 500 mètres derrière le Kempinski, un tout autre monde s’offrait à nous. Les ruines d’un quartier populaire enclavé par le développement puis démoli sans ménagement, un gigantesque bazar d’automobiles usagées et une bretelle d’autoroute poussiéreuse donnaient l’image d’un pays encore pauvre, ne sachant pas tout à fait comment gérer son développement.

Grâce à un guide touristique éloquent, la suite du trajet a toutefois été des plus intéressantes. Nous avons traversé le cœur économique de l’Azerbaïdjan, longeant tour à tour un centre de commerce mondial, des plate-formes de forage, un chantier naval flambant neuf « construit avec l’aide coréenne », l’ambitieux développement immobilier des îles Khazar, une cimenterie géante, ainsi que le terminal pétrolier et gazier de Sangachal. Sans avoir eu le temps de nous ennuyer, nous sommes ainsi arrivés au village de Gobustan, figé dans le temps avec ses humbles maisons aux toits de tôle et ses vieilles Lada cabossées.

40 000 ans de présence humaine

Protégé depuis 1966 et inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2007, le parc national de Gobustan est d’un grand intérêt géologique. L’on suppose que le pétrole et le gaz gisant à quelques mètres de profondeur ont suscité l’intérêt des peuplades de la région, qui y voyaient certainement la manifestation de quelque divinité surnaturelle.

De construction récente, le centre d’interprétation qui accueille les visiteurs est plutôt joli et bien intégré au paysage désertique environnant. Cependant, les artefacts qu’on y trouve ne sont pas exceptionnels, et la plupart des installations qu’on y trouve semblent avoir pour but de vulgariser l’histoire de l’Azerbaïdjan pour un jeune public. Le moment le plus intéressant de cette halte est justement celui où nous avons croisé un groupe d’écoliers russophones, enthousiastes et avides de pratiquer quelques mots d’anglais avec des étrangers.

Après avoir dûment photographié la pierre témoignant du passage de la légion romaine XII Fulminata (entre 51 et 96 A.D.), ainsi qu’une structure industrielle vétuste (une prison que nous n’avions pas le droit de photographier, selon notre guide), nous sommes remontés à bord de l’autocar et avons emprunté la route en lacets menant aux gravures rupestres.

L’attraction principale du parc de Gobustan consiste en un parcours pédestre à flanc de montagne, offrant une vue saisissante sur la mer Caspienne d’un côté, et des centaines de rochers gigantesques patiemment sculptés par l’homme et les éléments de l’autre.

Comme si la rencontre avec 40 000 ans d’histoire n’était pas suffisante, le site lui-même dégage une aura de mystère. Ses milliers de gros cailloux épars, uniques dans la région, semblent être le résultat d’un cataclysme survenu il y a des millions d’années. Les couleurs elles-mêmes y sont étranges, les percées de soleil à travers le ciel nuageux de novembre faisant évoluer sa palette de manière imprévisible.

À mon grand regret, notre emploi du temps était trop chargé pour que nous puissions accéder aux volcans de boue, aux ravins et aux étranges pierres sculptées par le vent, situés plus profondément à l’intérieur du parc. Ce sera pour une prochaine fois.